Le pouvoir du moment présent challengé par le capitalisme
TW su*c*de
J'écris encore un article donc vous pouvez en déduire que je ne dépasse pas ma catégorie de pratique créative "sans réfléchir" pour l'instant.
Ce n'est pas grave.
Il faut que j'évite de trop intellectualiser. C'est ce que je fais chaque fois. À chaque étincelle de mieux, je m'accroche à mes pensées pour être sûr d'avoir tout compris. J'essaie d'avoir assez de notes pour retrouver l'élément déclencheur, l'élément de pivot car, ça y est, je sors de la dépression et il faut que je puisse raconter plus tard comment j'ai fait.
Car on manque de données.
Tous les témoignages que j'ai lu sur les sorties de dépression ont été décevants. Ils ne permettent jamais de distinguer l'élément qui a tout changé. Peut-être qu'il n'y en a pas, ou qu'il n'est pas énorme, mais la logique voudrait qu'il y ait une ou plusieurs prises de conscience en particulier qui aient mené vers le haut de la pente. (Quand c'est juste les médicaments, ce n'est pas rassurant car on est livré au hasard de trouver vite ou non celui qui marche).
Je peux prendre des notes sur ce que je fais et pense mais je ne dois pas me préoccuper d'un témoignage maintenant. Toutes les autres fois où je m'en suis cru à ce stade, j'ai rechuté. Pas à cause de l'envie de témoigner, je pense, mais probablement en partie à cause de la surintellectualisation.
Est-ce que j'ai trouvé la solution ?
Est-ce que c'est "si simple" ?
Non.
Déjà, la mini motivation de faire quelque chose et d'avoir réussi à écrire, sur 2 jours, s'estompe et j'ai envie de pleurer. De me blottir sous ma couette et de ne plus jamais en sortir.
Est-ce que cette pensée est exacerbée parce que j'ai pris le temps de l'écrire ?
Est-ce que se demander ça fait partie de la surintellectualisation ou est-ce qu'elle avait déjà commencé avec l'intention d'écrire cet article ?
Je ne sais plus ce que je veux.
Tous les objectifs que j'arrivais à formuler ressemblent à ces bulles futures qui détournent du présent. L’objectif de créer pour créer semble sain, mais il représente un tel changement de paradigme qu'il ne semble pas très concret non plus.
Si j'accepte que les carrières artistiques viendront seulement quand j'aurai la pratique artistique qui va avec et ne viendront qu'hypothétiquement, je me concentre sur l'envie de créer, ok.
Mais nous vivons tout de même dans un monde capitaliste et j'aimerais garder un toit. Je peux travailler dans n'importe quoi puisque j'ai aussi compris que beaucoup d'artistes sont plus heureux en pratiquant leur art comme un loisir détaché de toute pression. Ça rejoint le bel objectif de créer pour créer.
Sauf qu'il faut bien à un moment choisir une voie réalisable et se former. Se former d'autant plus qu'on veut travailler moins (histoire de laisser du temps pour le loisir), avec tout de même un salaire suffisant.
Avoir un métier qui paie bien, ça redevient un objectif bulle future détachée du présent. Car on n'est pas sûr de l'obtenir, même en suivant assidûment ses études chaque jour. Si, médecin ou avocat peut-être, car le chemin est assez balisé.
Ok, je vois le problème. C'est que je suis déjà avancé de plusieurs années dans des études éclectiques donc je ne me vois pas recommencer dans un domaine plus linéaire, car je n’ai plus goût à rien. Je ne me vois même pas finir les actuelles... Pourtant je peux être intéressé par de nombreuses choses mais le mélange de l'autisme qui complique les trajets et la présence, des phobies scolaires et de la douleur morale de devoir se lever chaque matin pour ça dans un état de dépression profonde m'empêche pour l'instant tout espoir de m'épanouir dans des études, dans l'objectif de m'épanouir dans un métier plus ou moins random qui me laissera du temps pour l'art.
Pourtant je conçois que la solution se trouve quelque part par là: faire des études qui nous intéressent pour y vivre dans le présent. Jusqu'à être assez diplômé pour transitionner vers un métier décent, qu'on pourra également pratiquer dans le présent.
Les langues m'intéressent. Mais pas plus que de rester dans mon lit.
Je n'ai pas encore résolu ça.
Est-ce que je devrais arrêter car ma relation au scolaire est trop détériorée pour me permettre de la garder en même temps que la vie ? Mais arrêter c'est se retrouver sans plan d'avenir. Donc devoir commencer à travailler tout de suite, dans un domaine qui ne répondra peut-être pas aux exigences d'épanouissement, de salaire et de temps pour l'art.
Arrêter c'est aussi la honte de n'avoir même pas une licence et encore moins un master. Mais je vois très bien en quoi ce sentiment est à travailler et à ne pas utiliser pour une prise de décision.
Arrêter, c'est dommage si près du but (6 mois avant le diplôme). Ce sentiment-là, je ne sais pas s'il est pertinent ou non. Et si j'arrêtais, s'y mêlerait le sentiment que, quitte à arrêter, j'aurais pu le faire au moins un semestre plus tôt et perdre moins de temps
Ok, le sentiment de perte de temps est à travailler. Mais pour ce qui est d'arrêter près du but, qui gagne ? La réflexion raisonnable d'une vie qui suit forcément un peu les schémas de la société dans laquelle elle s'inscrit ? Ou la réflexion essentialiste selon laquelle seul le présent compte pour être heureux, peu importe les projets à long terme que cela peut court-circuiter ?
La réponse semble évidente si je ne peux pas finir mes études en vie. Sauf que je ne sais pas jusqu'à quel point je peux résister. Et ce qui est sensé en valoir la peine.
Peut-être que je peux résister encore 6 mois. Mais comment savoir si ça vaut la peine de prendre le risque ?